Vivons nous réellement dans une économie de marché ?
CA FONCTIONNE TOUJOURS BIEN,
L'ECONOMIE DE MARCHE ?
Ou, si
je devais répondre à une question de mon fils: "L'économie de marché, c'est quoi
?
CE DONT ON ENTEND TOUJOURS PARLER ET A QUOI ON NE COMPREND JAMAIS RIEN
Comme vous l'avez propablement déjà remarqué, la télévision
nous parle sans cesse d'économie, en principe pour nous informer à propos de
notre avenir proche ou pour nous faire comprendre la situation actuelle. Certes,
nous avons tous en tête ces fameux indicateurs chiffrés dont on sait que
certains doivent monter et d'autres doivent descendre pour que les choses se
passent bien. Mais à part cela, que comprenons nous, non-économistes, aux
explications ésotériques qu'on nous sert presque tous les soirs à titre
d'information ? Mon but ici n'est pas de critiquer spécialement les économistes
dont le métier n'est pas de nous enseigner leur science (inexacte, certes, mais
reposant sur des bases théoriques). Ce ne sont d'ailleurs pas les économistes
qui dirigent le monde, ce qui ne veut pas dire que d'autres entités influentes
non gouvernementales ne le font pas. Ce qui me frappe surtout est la capacité
des journalistes à croire que nous comprenons le langage des économistes. En
fait, seuls quelques pourcents d'entre nous en sont capables, et ce n'est pas
obligatoirement pour çà que les décisions qu'ils prendront dans la journée
seront remises en cause.
Aussi, j'ai eu l'idée de me poser cette
question: Quelle serait la réponse que je donnerais si on me demandait
d'exliquer ce qu'est l'économie de marché ? (Par exemple: mon fils aîné dans
deux ans ou plus). Quelles sont les choses finalement si simples et essentielles
qu'on oublie trop, perdus dans les analyses complexes qui nous masquent parfois
des choses évidentes.
QUAND CA SE PASSE BIEN
Certains diront, de par leurs
convictions politiques, que ça ne peut jamais bien se passer dans une économie
de marché. D'autres diront que ces discours d'un autre âge sont dépassés. Mais
deux choses ne peuvent être niées:
- L'économie de marché est en soi en
principe vieux comme le monde, et n'a rien de spécialement moderne.
- Toutes
les autres tentatives de mise en place de systèmes économiques repoussant
totalement ce principe naturel ou primitif (question de point de vue), et
reposant quant à elles sur des idéologies, n'ont jamais été capables d'assurer
un niveau de vie décent à la population, et seuls aujourd'hui quelques rares et
indécrottables convaincus continuent de se persuader du contraire.
Vient
donc la question si candide que pourrait poser un enfant mais ce serait
intéressant d'y répondre:
L'économie de marché est-elle donc une bonne chose
?
On a tendance à admettre, par convention, qu'un jour un choix a été
fait et a débouché sur la décision de pratiquer depuis maintenant un bout de
temps, en Occident, l'économie de marché. Or la réalité est beaucoup plus
simple. Il n'y a jamais eu de "commencement" où a été décidé quoi que ce soit.
Au contraire, il n'a jamais été décidé de supplanter ce principe antique par
quelque chose "d'artificiel", sauf ponctuellement et sans succès durable, les
vraies périodes sombres de l'histoire relevant plus de la guerre et des
idéologies d'un autre type plutôt que d'un simple système économique. Si on se
concentre sur les 60 dernières années qui nous concernent plus, on ne peut pas
dire qu'une quelconque prétendue révolution ait opérée, quoi qu'on en dise, dans
les fondements des systèmes économiques occidentaux, les principaux acteurs du
système ayant tout au plus fait tour à tour pencher les règles à leur
avantage.
Même si actuellement il y a des limitations aux droits et
devoirs de chacun des acteurs du système, il n'a jamais été possibile d'imposer
un équilibre par simple décision, car l'économie de marché a fonctionné jusqu'à
maintenant comme un biotope, sain ou malsain. Il ne s'agit pas d'une philosophie
ni d'une pseudo-religion mais du résultat d'un équilibre auto-régulé, ni moral
ni immoral. Peu d'individus ont d'ailleurs l'idée de lier ce simple principe de
fonctionnement à une idéologie suprême dictant une éthique de vie, sauf les
marxistes contemporains tout d'abord, nous présentant cet état de fait comme
l'application d'une "religion du profit", et d'autre part quelques
ultra-libéralistes illuminés prônant la disparition totale de tout rôle de
l'Etat dans l'économie, même au sens large du terme.
Dans un contexte
d'économie de marché, pour peu que l'équilibre entre les intérêts de chacun soit
stabilisé, s'établirait alors une symbiose strictement nécessaire, même si elle
est non affective. Il est évident que pour créer ou développer une entreprise il
faille obtenir de l'argent qu'on n'a pas au départ, mais que pour accepter de
prêter l'argent un actionnaire ou une banque ait confiance dans ses possibilités
de profit à long terme. Il est aussi évident que pour faire fonctionner son
entreprise, il faille salarier correctement ses employés, qui en conséquence
consommeront pour maintenir en fonctionnement tout l'ensemble du système. Facile
à dire... mais avant c'était pourtant facile à faire...
Cela se
passe-t-il toujours comme ça maintenant ?
QUAND CA SE PASSE COMME MAINTENANT
Nous savons tous,
même sans y avoir réfléchi, cette autre chose évidente: Cet équilibre ne peut se
stabiliser correctement que si la totalité de l'espace d'échange est soumis à
des mêmes limitations et contraintes. Même si ça n'a jamais été parfaitement le
cas, il n'y avait jamais eu durant les 50 dernières années de déséquilibres hors
du commun, sinon ils étaient contrecarés par des mesures protectionnistes.
Protectionnisme ? Un mot qui semble surgir du Moyen-Age, aux consonnances
reconnues comme désagréables et dépassées... D'ailleurs, on vous le dira: les
banquiers dirigent le Monde parce-qu'ils sont vilains, et c'est le seul
problème. Rares sont les explications qui permettent d'expliquer pourquoi on
leur a permis et pourquoi on continuera à leur permettre de phagociter
l'économie mondiale. Quelqu'un croit-il vraiment qu'une banque ou une
multinationale est une personne physique qui se raisonne et s'attendrit par des
discours sentimentaux ? Ce qui est possible et légalement permis sera fait. Un
point c'est tout. Mais le problème est que pratiquement touts les français se
sont posés la question mais se heurtent à mur qu'on ne peut abbatre en restant
conforme aux règles de la pensée politique moderne: Une économie de marchée sous
contrôle serré de l'Etat ? Mais vous n'y pensez pas, ça n'existe pas dans la
ligne droite-gauche officielle ! C'est une anomalie ! Voire même, ce serait du
nationalisme... Pouah quelle horreur !
Ainsi continuera l'hypnose de la
nation, non plus par les marxistes qu'on ne prend pas encore au sérieux, mais
par les mondialistes ultra-libéraux, à terme tout aussi dangereux. Il n'est même
pas question de remettre en cause le libre échange mondial, il s'agit simplement
de proposer des semblants de solutions pour survivre avec !
Cette
pratique reconnue actuellement sous le nom de "mondialisation" n'a en fait rien
à voir avec la libre circulation des personnes ni la possibilité d'échanger
culturellement, de communiquer, de travailler à l'étranger, etc... Cela se
pratiquait déjà avant et s'est facilité avec le temps et l'évolution de la
technologie. Mais ces nouvelles possibilités ont été la façade publicitaire de
ce qu'on nous a vendu: la fameuse "mondialisation" qui est tout autre chose.
Maintenant nous l'avons tous compris.
Comment est-il possible de croire,
en effet, qu'une absence totale de limitation des échanges commerciaux puisse
maintenir un équilibre raisonnable quand l'espace d'échange est constitué de
pays où les règles basiques du droit du travail et le niveau de développement
n'ont absolument rien de comparable ? Tant que l'Europe s'élargissait petit à
petit, tamponnant progressivement l'abosrbtion de chaque nouvel arrivant, on
pouvait concevoir que ce concept était intéressant, même si un déséquilibre
temporaire était à prévoir. Mais qu'en est-il aujourd'hui ?
Je vois
certaines personnes bien intentionnées répondre que la mondialisation est le
sacrifice que nous devons faire afin de partager nos "richesses" (considérées
alors comme honteusement acquises) avec les plus pauvres. Encore une fois,
désinformation totale et simpliste. La preuve nous est vite parvenue alors que
ce mois-ci on ne parle que des ravages causés par cette pratique chez ceux pour
qui on nous faisait croire qu'il y aurait un bénéfice. Cette soi-disant pratique
de solidarité à l'échelle mondiale n'aura été et ne saura en fait qu'un
détraquement gigantesque de l'économie mondiale par les acteurs du système
pervertis par des nouvelles possibilités sans limites.
Qui sont ces
acteurs ?
A l'heure où les secteurs d'activités européens végètent et
subissent de plein fouet une concurrence faussée, on devine sans être économiste
qu'il est peu lucratif pour un actionnaire de miser dans des développements sans
avenir garanti. Il est beaucoup plus facile d'investir dans des secteurs
d'activités "délocalisés" ou existant déjà dans des pays dits "émergents" et qui
ne pourront que croître, étant donné les parts de marché qu'ils prendront de
plus en plus dans la consommation de la population européenne (tant qu'elle
pourra continuer de consommer). Mais c'est le moment d'aborder ici une entité
entrant en jeu et qui ne joue pas en soi un rôle productif dans le cycle de
l'économie de marché. Cet intermédiaire, jusqu'alors perte nécessaire permettant
de boucler le cycle de la consommation, ne produit rien mais n'est pas pour
autant dénué de pouvoir: le distributeur. En France on se vante beaucoup d'avoir
des réseaux de distribution qui s'étendent maintenant dans le monde entier,
comme si c'était un savoir-faire ou un produit précieux que nous exportions.
Mais on oublie trop souvent de penser que ces maillons de la chaîne sont en
train de devenir de véritables parasites du système mondial. Court-circuitant
l'industrie et même certains secteurs de services par le recours aux offres à
bas prix, les distributeurs aujourd'hui omnipuissants dictent les règles et ne
tolèrent d'entretenir quelque commerce avec les fournisseurs nationaux qu'à
leurs conditions impitoyables, sous le prétexte parfois proclamé haut et fort de
lutter pour le pouvoir d'achat (bien que la finalité soit d'augmenter leurs
marges). Il ne demeure en France aucun secteur d'activité aussi prospère que les
réseaux de distribution dont le pouvoir tend à dépasser le domaine de
l'économie. Comme ils sont par conséquent une source de revenus pour l'Etat, le
fait qu'ils torpillent l'économie nationale est mieux toléré, entre autres suite
à l'extension de part le monde dont ils ont bénéficié, et qui permet de faire
rentrer un peu de devises dans l'espoir de rattrapper quelques miettes de ce
qu'on a perdu. Je ne vous apprendrai rien en concluant que dans un tel contexte
les possibilités qui s'offrent aux entreprises européennes sont restreintes (à
l'exception de quelques activités de niche qui bénéficient d'une réputation
exceptionnelle): Dans tous les cas, la fermeture de sites existants sur la
territoire national, puis deux choix possibles: Pas de réouverture et on appelle
cela "une entreprise en perte de vitesse", ou: ouverture d'un site de
remplacement "délocalisé" (pour ne pas dire tout simplement: en Chine) et on
appelle cela "une entreprise compétitive qui a su s'adapter aux contraintes du
marché".
Ne nous étonnons donc plus si chaque jour nous entendons par
exemple que l'industrie française se porte bien, alors que nous nous demandons
tous pourquoi nous n'en voyons aucune retombée quant aux opportunités d'emplois
(n'osons pas dire "de carrière") et à ce fameux "pouvoir d'achat" dont on nous
rabbat les oreilles chaque soir comme si sa descente était une fatalité, simple
signe des temps. Notons au passage que sa décroissance reste pour l'instant
modérée grâce à deux choses:
- Nous sommes encore dans la phase
transitonnelle où l'inertie nous permet, pour un temps, de pouvoir consommer en
quantité conséquente des biens que nous ne produisons plus.
- Des baisses
de coût générales quant aux biens auparavant "haut de gamme", et exclusivement
dues aux améliorations des procédés industriels et de la technologie, masquent
en partie le phénomène, donnant ainsi l'impression que les choses ne vont pas si
mal. Or on voit très bien, par exemple, que les prix du mètre carré habitable,
qui ne peuvent être aucunement liés à ces évolutions, suivent une augmentation
plus que galopante par rapport aux revenus moyens des Français. C'est le strict
reflet de la situation catastrophique à laquelle nous serons forcés de nous
confronter.
Qu'à cela ne tienne ! Si nous ne consommons plus assez par
manque de moyens, nos pères réconfortants et surtout nos banquiers sont là pour
nous motiver. C'est là que les organismes financiers interviennent une deuxième
fois. Comment pousser le consommateur à vivre au dessus de ses moyens et
réaliser ainsi un double profit: bancaire et commercial ? Comment perpétuer le
plus longtemps possible un cycle rompu en purgeant le consommateur au maximum ?
C'est ce que connaissent actuellement bon nombre d'américains aujourd'hui
ruinés, alors que leurs prêteurs savaient pertinement que les prêts qu'ils
avaient proposés à coup de forcing ne pourraient être remboursés jusqu'à la fin.
(Ne croyez pas que ces banquiers ont perdu de l'argent !). Les Français sont
connus pour se laisser moins engager dans des aventures aussi dangereuses de la
vie à crédit, donc en général on les cible en visant plus petit: S'endetter pour
acheter du superflu ou ce qui peut attendre, parce-que pour profiter de la vie
il faut "réaliser ses rêves" tout de suite. A chaque situation sa solution !
Mais... oh surprise, à ce petit jeu les choses ne se sont pas passées comme
prévues. En effet, si vous avez entendu parler des autres sujets du moment, vous
avez naturellement entendu parler de la "crise bancaire", cette histoire de
l'arroseur arrosé qui pourrait nous faire rire, mais qui aura hélas encore des
répercussions désagréables...
Mais c'est seulement maintenant, ces
derniers mois, que la peur gagne non seulement les économistes mais aussi les
élites dirigeantes, jusque là niaisement ébahies devant les valeurs boursières
françaises demeurant en hausse, signe absolu de bonne santé du pays... Il semble
qu'on ait oublié que pour nous l'intérêt de l'économie de marché était de nous
faire vivre correctement, et que ce point soit devenu complètement secondaire.
Pourtant nous n'avons que faire de la prospérité d'entités devenues abstraites,
si elles ne nous apportent rien ! (En effet pourquoi raisonnerions nous
différemment !) Les intellectuels marxistes, se frottant les mains, crient déjà
que nous sommes soumis cette fois pour de bon à la "religion du dieu
capitalisme", mais la réalité est bien plus pragmatique: Les "liaisons
dangereuses" existant entre hommes de pouvoir et principaux responsables des
grands groupes ne sont pas une nouveauté, mais dans un tel contexte elles
deviennent une réelle menace, au point qu'on peut se demander si notre système
ne finira pas par s'approcher de l'image diabolisée que donnait autrefois la
propagande soviétique à propos de l'Occident... Très tentante pour beaucoup est
l'idée de recourir aux principes socialistes pour enrayer ce phénomène pervers,
mais quelles que soient les convictions de chacun il est évident, en toute bonne
foi, qu'en l'absence de mesures protectionnistes drastiques, l'application
significative de ces principes constituerait le dernier coup de grâce qui
achèverait l'éradication de toute forme d'activité sur le territoire. Et il
serait raisonnable de noter que les socialismes européens, et particulièrement
le socialisme français, sont tout encore plus frileux que les partis de droite
quant à l'application de mesures de rigueur nécessaires. (Fermer même modérément
les "tuyaux" provoquerait bien entendu une situation de pénurie temporaire très
mal perçue). Je serais donc prêt à parier que lors de leur prochaine prise du
pouvoir ils n'aient d'autres choses à nous proposer que la rédemption par
l'impôt qui nous précipitera plus vite dans le gouffre, sous couvert d'un
emballage de présentation à la façon "Le pays de Candy" où il n'y aura que des
gentils. Qu'on ne s'étonne donc pas si dans les prochaines années la montée des
extrémismes politiques survient à nouveau, les partis conventionnels n'offrant
aucun projet efficace de sauvegarde. Et encore une fois tout le monde
s'interrogera sur cette réaction inexplicable des électeurs...
A quel
type d'extrémisme devrait-on faire face dans cette hypothèse ? La subdivision de
l'extrême gauche en plusieurs petits partis tend à favoriser, comme cela a déjà
été le cas, l'émergence de ce qu'on appelle communément l'extrême droite. Je ne
disserterai pas ici sur le sujet, je ne me suis pas attribué ce rôle. Je
viendrai cependant par la même à la conclusion que finalement il faut souhaiter
l'arrivée d'une récession violente et rapide, forçant les dirigeants en place à
prendre les mesures qui s'imposent, plutôt qu'une descente molle aux enfers qui
nous emmènera sur une voie peut-être plus sombre, ou tout au moins inconnue...
AILLEURS AUSSI
Comme j'y ai très brièvement fait
allusion, la mondialisation ne fait pas du tort qu'à l'Occident, et fait même
des ravages encore plus inquiétants là où elle était sensée apporter la richesse
et le bien-être.
Probalement entendez vous parler actuellement de
l'augmentation catastrophique du prix des denrées alimentaires dans les pays
pauvres, résultant des actions massives poussant ces pays à délaisser leur
agriculture pour se concentrer sur une industrie qui n'existe pas. Pourquoi des
énarques ne peuvent-ils pas comprendre que dans un pays peu industrialisé et
parfois soumis à un régime peu scrupuleux, les échanges commerciaux
internationaux n'ont aucun effet sur 99% de la population ? Pensez vous par
exemple que le niveau de vie des Nigériens va augmenter parce-que nous y
achetons du pétrole ou de l'uranium ? Je ne pense pas. Nous avons trop
l'habitude de raisonner par rapport à notre situation où, parce-qu'un état
devient prospère, cette prospérité se répercute sur la population, alors qu'en
réalité dans de tels pays le dit état n'apporte ni travail ni protection sociale
pour ces citoyens, soit parce-qu'il n'en a que faire, soit parce-qu'il n'en a
pas encore les moyens. Par conséquent, provoquer la disparition des activités
locales principales comme l'agriculture artisanale est un désastre. Autre signe
d'incompétence notoire, l'effet pervers de la planification du recours massif
aux biocarburants, plus lucratifs que la nourriture, et qui accentuent déjà
irrémédiablement cette tendance (et n'apporteront en termes d'écologie qu'une
pollution des sols par l'usage intensif d'herbicides et le recours aux OGM
"RoundUp Ready"). A présent le cercle vicieux est amorcé car pour résoudre cette
situation dans l'urgence il faudra acheminer vers ces pays... de la nourriture.
Et que dire de la Chine, ce pays dont on admire béatement le "taux de
croissance" record, et dont l'activité industrielle s'accroit à une vitesse
vertigineuse? Savez vous que 90% des Chinois n'ont probablement même pas
connaissance de ces performances "miraculeuses" qui ne concernent qu'une
minuscule partie du pays, et que pour eux rien n'a changé? Ils sont toujours
courbés dans des rizières sans aucun droit à la propriété (ni à l'expression
mais là c'est inutile d'en parler). Les jeunes s'exodent vers la zone cotière
et, contrairement à ce qu'on veut nous faire croire, peinent à trouver un
travail leur permettant de subsister. Car la Chine connait actuellement un
régime sélectivement communiste, ayant compris que pour maintenir des revenus
conséquents nécessaires à la stabilité de son pouvoir, il fallait compenser
l'inefficacité du régime par le recours à un capitalisme
sauvage digne de "Germinal". Ainsi la manne tombée du ciel pour l'état
chinois le dispensera de se préoccuper de tout programme de construction et de
modernisation du pays en général, étant donné que seule une petite partie de sa
population lui est utile. Ainsi il sera même plus lucratif de vendre même la
nourriture produite localement aux Européens plutôt que de nourrir le surplus de
population non nécessaire... Magique ! Quant à cette classe dite "moyenne"
sensée apparaître en Chine, elle est apparentable plutôt à une sorte de
nomenklatura ultra minoritaire, et sera exposée fièrement comme signe de la
réussite du pays qui n'en demeurera pas moins paradoxalement un des pays les
plus protectionnistes du monde.
L'ENTETEMENT A NE PAS RECOURIR A UN PROTECTIONISME RAISONNABLE
Protectionnisme. Un mot qui fait frémir en ces temps modernes
où le langage branché n'accepte plus de telles notions de "fermeture sur soi"...
Aborder ce sujet donnera encore naissance à des exagérations démesurées
affirmant que le protectionnisme, pourtant encore pratiqué par tous il y a peu
de temps, n'est ni plus ni moins que faire sombrer le pays dans l'otarcie
totale, provoquant un arrêt de toute évolution et des pénuries insurmontables.
Et l'argument massue sera: Les mesures protectionistes, mêmes modérées, nous
empêcheront de vendre nos avions et nos centrales nucléaires. Qu'on nous propose
donc un moyen d'employer toute la population inactive dans ces deux secteurs
d'activités !
Une autre échappatoire que je trouve personnellement
ridicule est la suivante: "La France doit se reconvertir dans le domaine des
services". Et parfois on entend derrière: "On propose des emplois en ce moment
dans la restauration, et on dit qu'il n'y a pas de travail !" Voila une belle
parole qui donne envie de chanter des lendemains meilleurs ! Voici la France de
demain: Chaque jour, 55 millions de Français attablés dans les restaurants, et 5
millions de Français qui les servent. Bien sûr, on fait un roulement entre ceux
qui servent et ceux qui mangent, pour que chacun puisse travailler au moins un
jour sur 12. Il reste juste un petit problème. Qui paiera nos salaires ? Les
Chinois, peut-être... C'est une idée...
POURQUOI CA NE POURRA PAS S'AMELIORER, SOUS RESERVE D'UN MIRACLE
Comme je l'écrivais plus haut, pour qu'un changement radical
s'opère, il faudrait que la récession soit très rapide et effrayante. Ce serait
un cap dur à passer, mais peut-être moins mauvais pour nous qu'une descente
"molle". Et cela n'arrivera pas forcément. De plus, l'intoxication qui tend à
nous faire croire qu'on fait ce qu'il faut pour que ça "reparte" n'arrangera pas
les choses. On peut citer:
Remédions au manque de
diplômés:
Comme tout le monde l'a remarqué maintenant, il n'y a pas
besoin d'être non diplômé pour se trouver sans emploi, certains jeunes actifs
n'hésitant pas à dissimuler certains de leurs diplômes, pour qu'on accepte enfin
de les embaucher à un poste sous qualifié sans supposer que leur situation soit
révélatrice d'une quelconque anomalie personnelle. C'est la seule fois où je
serai d'accord avec Arlette: le problème des non diplômés est un faux problème.
Cette illusion est elle aussi induite par un cercle vicieux: Cette tendance
toujours incessante des entreprises à demander des qualifications supérieures à
celles nécessaires pour un poste, suite à la dévaluation régulière des diplômes
français. On ne s'étonne plus maintenant qu'on exige un BAC+2 pour être
caissière, câbleur, vendeuse en magasin, serveur, etc... on ne s'étonne plus non
plus que pour mériter un poste où une once de responsabilité est nécessaire un
BAC+5 soit nécessaire, même si aucun savoir n'est utile. Par où le problème
s'est-il amorcé ? Dans les années 80, sous prétexte de mesures anti-élitistes
démagogiques, toutes les barrières arrêtant à partir de différents stades les
élèves n'ayant pas le niveau requis ont été soit perméabilisées, soit
complètement supprimées. Une première dévaluation des diplômes reconnue (dont
j'ai été le témoin flagrant à plusieurs reprises) s'est alors opérée, entraînant
deux ou trois ans plus tard une compensation par les exigences présentées par
les entreprises dans les offres d'emploi. C'était donc l'occasion rêvée pour
déclarer qu'on avait eu raison à propos du manque de diplômés et qu'il fallait
continuer dans cette voie. Ainsi continua-t-on, cette fois pour un but
idéologique différent: la fierté de pouvoir annoncer au monde qu'en France il y
a beaucoup de diplômés. (Si ce n'est la volonté inavouée de faire diminuer
artificiellement les statistiques du chômage en gardant "au chaud" plus
longtemps des actifs potentiels !) Et la seconde vague de dévaluation se
produisit, avec les mêmes effets. Constatons maintenant quels sont les effets
pervers de ce procédé. Comment seront préparés les élèves qui autrefois auraient
largement mérité leur diplôme à sa valeur d'antant, lorsque pour se distinguer
des 50% de cancres qui les entourent, ils seront contraints de suivre des études
interminables alors qu'ils ne pourront pas se le permettre ? (Soit à cause des
frais nécessaires, soit à cause de leur besoin urgent de revenus). Où est cette
soi-disant politique d'égalité des chances ? Mais la chose la plus aberrante est
que sous prétexte d'une meilleure adaptation des diplômes aux demandes de
l'industrie, on a torpillé les seuls diplômes qui y répondaient ! Quant à elles,
les filières d'études BAC+5, maintenant exigées pour tout poste nécessitant
d'utiliser un minimum de réflexion, sont depuis toujours restées déconnectées de
la réalité ! Il ne faut donc pas s'étonner si maintenant les entrepreneurs se
plaignent de trouver difficilement des jeunes diplômés qui savent faire quelque
chose. A cela ajoutons que les jeunes d'aujourd'hui sont dramatiquement mal
préparés à ce qui les attend dans la vie proffesionnelle d'aujourd'hui. Baignés
dans l'insouciance qui règne maintenant, même dans des filières de
l'enseignement supérieur (1), non préparés au contexte de compétition dans
lequel il seront amenés fatalement à vivre, maintenant plus que jamais, et à
tous les niveaux, l'arrivée dans ce qu'il reste du monde professionnel sera plus
qu'un choc. Sans compter que l'arrivée massive de 50% de diplômés incapables de
quelque travail que ce soit posera des problèmes relevant d'autres thèmes que la
seule prospérité économique, et probablement tout aussi sérieux.
(1)
C'est très facile de faire la comparaison quand on est passé 20 ans plus tôt par
les mêmes filières.
Les jeunes par ci, les jeunes par
là...
Ah, voila encore un sujet de discussion où on entend tout et
n'importe quoi, et qui prend aujourd'hui une tournure d'argument
pseudo-économique. Les plus attentifs ont pu percevoir les deux phases
successives qui ont amené à conditionner la façon de percevoir "les
jeunes"...
La première phase fut celle des années 80 où, pour des raisons
idéologiques de tolérance universelle, tout délinquant ou malfaisant était
systématiquement qualifié de "jeune", et où tout forfait n'était qu'expression
d'un "malaise". La deuxième phase, plus récente, est quasiment son opposé au
point qu'elle en est aussi destructrice: Il est à la mode de penser que tout
jeune en recherche d'emploi ne peut que faire partie de ces deux catégories:
Soit les rebelles qui imposent leur loi dans les quartiers en vivant
d'allocations, soit les lycéens immatures qui passent leur temps à dilapider
l'argent de leur parents en communications téléphoniques et en fringues de
marque, en bref les enfants gâtés (qui existent aussi mais hélas plus seulement
dans la classe bourgeoise !). Or il faudrait se réveiller et regarder autour de
soi, quitte à fermer les oreilles quand on entend les âneries qui nous sont
débitées partout (pas seulement par des journalistes).
Comme je l'ai écrit
dans le paragraphe précédent, les jeunes sortant de leurs études connaissent un
véritable choc lorsqu'ils découvrent la réalité de la vie professionnelle.
Maintenant, c'est terminé le poste qu'on trouve facilement et pour longtemps
pour démarrer une "carrière", mot qui semble déplacé à notre époque d'ailleurs.
A cela viendra s'ajouter le problème de dévaluation organisée de leurs
qualifications réelles, qui ne fera que dégrader encore plus leur image générale
à cause d'une minorité d'entre-eux.
Incitons la création de TPE /
"Start-up"
A la mode depuis quelques temps déjà, la "start-up", souvent
imaginée comme une poignée de jeunes loups dynamiques créant la richesse en
quelques mois, connaît une réalité beaucoup moins idyllique: Un ou deux associés
employant deux ou trois personnes occupant chacune tour à tour les fonctions
d'ingénieur, opérateur en fabrication / photocopie (selon le domaine
d'activité), expéditeur, livreur, assistant, balayeur, acheteur, vendeur,
hotliner et administrateur réseau. Si on se débrouille bien il reste un peu de
temps pour dormir, mais on a en retour la fierté d'être aussi compétitif qu'une
entreprise délocalisée ! Et oui, la gloire ça se mérite. Très rarement de telles
entreprises connaissent un "boom" qui emmène ses créateurs et salariés vers la
richesse. La plupart du temps ces très petites entreprises végettent et
parviennent juste à assurer leur survie, si bien que l'expérience de jeune loup
dynamique va assez vite s'écourter, quitte à diminuer parfois sévèrement son
train de vie. De plus, les postes disponibles dans ces entreprises ne peuvent
correspondre qu'à des candidats non seulement diplômés mais beaucoup plus
débrouillards que la moyenne. Cette époque où il suffisait de déposer un nom de
domaine internet usurpatif pour faire fortune est bel et bien révolue ! Les
seules micro-entreprises où certains peuvent encore engranger facilement de
l'argent (ce qu'on appelle "créer des richesses") sont celles qui ont trouvé un
filon encore inexploité dans le domaine du parasitage économique qu'est la
distribution: celles qu'on appelle les "boîtes de pousse-carton". Quant aux
petites entreprises de services que je ne dénigre pas du tout, elles ne pourront
en aucun cas assurer le remplacement de toute l'activité perdue depuis des
années. C'est évident mais j'aime à le rappeler: On ne fait pas tourner un pays
avec du service à 100%, sauf si notre seule activité se résume à l'accueil de
touristes. Et il en faudra un paquet !
C'est à cause du prix du
pétrole qui monte en flèche
Depuis toujours le pétrole monte en flèche,
sans arrêt. Alors que j'étais enfant j'entendais déjà. C'est l'occasion de
remarquer qu'en général les pays producteurs de pétrole ont un état riche mais
une économie locale atrophiée, mises à part quelques exceptions ou changements
de cap. (Quand nous ne les dissuadons pas de développer d'autres activités que
la vente de pétrole !) On peut donc se demander à quoi ça sert de le payer aussi
cher. (Evidemment la vraie raison est que nous n'avons pas le choix). Et
pourtant cela présente indirectement deux avantages: Le premier est qu'en
conséquence le prix de revient des importations depuis la Chine augmente,
agissant comme une sorte de rééquilibrage "naturel" de la balance (même s'il
n'est pas suffisant). Le deuxième est que si le pétrole était resté bon marché
comme dans les années 60, les voitures brûleraient toujours 15 litres au cent,
et on n'aurait probablement fait aucun effort d'économie ni de limitation de la
pollution. Même si maintenant faire un plein représente l'équivalent de l'achat
d'un produit de luxe, de toute façon bientôt le tourisme en France ne sera
bientôt plus abordable pour les Français. Reste l'obligation des déplacements de
plus en plus pénibles pour gagner son pain quotidien, mais ce problème relève
souvent d'une part de l'inexistence de transports dignes de ce nom dans les
petites communes, et d'autre part de l'insécurité et de l'inconfort régnant dans
les transports publics urbains, la fiabilité de ces deniers étant par ailleurs
un autre moyen de pouvoir d'une caste qui ne vit pas sur la même planète que
nous.
L'Euro devriendra plus fort et ça ira mieux
Le pétrole
est évalué en dollars, donc de quoi se plaindra-t-on quand même si l'Euro
devenait plus fort ? Simplement, dans ces conditions de concurrence sauvage
notre "coût du travail" relatif deviendra encore plus pénalisant. Vantons nous
donc de notre Euro fort si ça fait plaisir à certains...
C'est à
cause des "subprimes"
Voila un nouveau mot à la mode que personne ne
connaissait avant ! Bien qu'avancé comme un accident imprévisible et une
parfaite excuse à la "crise", cet effet des "subprimes" n'est en fait que
l'illustration flagrante de ce qui se passe quand on joue à purger les
consommateurs jusqu'à la moelle alors qu'on a rompu le cycle de la consommation.
La seule chose qui nous a préservé est qu'en France les règles limitent plus
sévèrement les possibilités de perfidie des charognards de l'endettement...
Jusqu'à quand ?
Le consommateur doit écouter sa
conscience
Voila une bonne blague ! Voila en substance ce qu'on nous dit
ainsi: Nous avons tout démoli, tout déréglé, vous n'avez soit plus de travail,
soit plus d'avenir certain, mais c'est vous qui devrez réparer les dégâts en
achetant en priorité ce qui est soi-disant fabriqué chez nous ! Je précise bien:
soi-disant car je considère qu'acheter un produit de marque européenne fabriquée
en Chine revient à engraisser inutilement au passage des intermédiaires
supplémentaires (car même le développement des produits est délocalisé) et n'a
rien de plus moral qu'acheter un produit de marque officiellement chinoise. Chez
moi j'ai donc deux ordinateurs chinois et j'assume. Si j'avais pu les faire
venir de Chine pour court-circuiter tout distributeur, je l'aurais même fait !
En conclusion, je ne vois pas pourquoi dans un système aujourd'hui dépourvu de
toutes règles et de toute raison il faudrait jouer les responsables. De toute
façon, plus brutale sera la chute, plus efficace sera la prise de conscience là
où on rêve de valeurs boursières...
Les Français n'ont "pas le
moral", simplement
C'est la dernière trouvaille, probablement la solution
du désespoir, pour tenter de nous pousser à vivre encore au dessus de nos
moyens. Nous consommons moins alors que le chiffre magique de la "croissance"
annonce les beaux jours (selon certains) et que le taux de chômage a diminué (si
on regarde la diminution au microscope), donc c'est forcément psychosomatique
!
Acheter un studio dans une zone d'emplois nécessite aujourd'hui un
endettement à vie mais tout va pour le mieux et rien ne s'est empiré ! Et, ô
merveille, l'oracle est excellent: On n'hésite pas à lire dans certaines
déclarations ou articles de presse que les économistes restent optimistes, car
ils pensent que les ménages vont "puiser dans leur épargne pour maintenir leur
train de vie"... Brillant avenir que voila ! Mais en venir là prouve qu'en
réalité ils sont inquiets.
Deux solutions possibles: Soit nous nous
mettons au garde-à-vous et continuons notre lente descente aux enfers, soit nous
réagissons pour les inquiéter encore plus. Moi j'ai choisi.
La
dernière idée: Tous dans le bâtiment ! Qui nous donne les terrains
constructibles pas chers et proches des rares lieux de travail subsistants ?
Allons construire nos maisons comme les castors, étant donné qu'on nous dit que
personne ne veut les construire ! A suivre... ;)
Mais où avais-je la
tête! Spéculer, voilà un bel avenir !
Regardez comme ces jolies femmes
vous aiment déjà rien qu'à l'idée que vous puissiez être riche sans travailler
!
Liens très intéressants à propos de ce sujet... (Ajoutés en Juin
2009)
La lettre
du lundi: "Le Point de Basculement"
Maurice
Allais, un anticipateur éclairé des effets de la mondialisation.
La lettre du lundi:
"L'effet pervers"
De la même source: A propos des limites de la
surconsommation et de l'endettement.
Article
de Jacques
Sapir dans "Le Monde Diplomatique"
Liens ajoutés en 2010-2011 à
propos de la politique commerciale de la Chine, notre partenaire commercial tant
apprécié:
Comme si la Chine n'appliquait pas de pratiques
douanières!
Excellente conférence de Jean-Michel Quatrepoint :
"Faut-il mourir pour le Yuan?
Qui sont ces Chinois si nombreux et heureux qui
achèteraient
nos produits ?
(A titre de résumé, si vous êtes courageux vous trouverez
que l'ensemble des taxes appliquées à tout produit importé en Chine atteint 50
pour cent...)
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